MARINE ANCIENNE
Les GOÉLETTES
Le mot « goélette » vient d'une francisation du breton gwelan, avec substitution de suffixe ; son ancienne orthographe était « goëlette », son ancienne prononciation, conservée en Bretagne, « goilette ». Il est pratiquement l'équivalent français du terme américain « schooner », qui, à la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1925 environ, fut employé dans le vocabulaire maritime français.
Le nom « goélette » employé seul désigne un navire à voiles aux formes élancées, portant deux mâts légèrement inclinés sur l'arrière par rapport à la verticale (le mât arrière, ou grand mât, étant plus haut que le mât avant, ou mât de misaine) et dont la grand-voile et la misaine ne sont jamais des voiles carrées. Parmi les qualités qu'on reconnaît à la goélette, citons son aptitude à mieux serrer le vent que les voiliers à traits carrés, ainsi que la simplicité et la maniabilité de son gréement, qui lui permet de se contenter d'un équipage restreint pour assurer sa manœuvre.
- Les goélettes proprement dites.
- Les goélettes franches.
- Les goélettes à hunier.
- Les goélettes à gréement marconi.
- Les goélettes à plus de deux mâts.
- Autres navires apparentés aux goélettes.
- Liens
America


Les goélettes proprement dites
En France, les goélettes apparurent vers le milieu du XVIIIe siècle. Leurs voiles principales (misaine et grand-voile) étaient des voiles auriques enverguées sur une corne et bordées sur un gui. A l'avant, elles portaient un beaupré, qui permettait d'établir deux ou trois focs, et, parfois, une trinquette, laquelle pouvait être bordée sur un gui (dans le langage d'aujourd'hui, on désignerait ce dispositIf sous l'expression de « trinquette bômée »).Goélettes franches
On donnait le nom de goélettes franches à celles dont le gréement ne comportait aucune voile carrée. Généralement, les deux voiles auriques étaient surmontées d'un flèche triangulaire ou rectangulaire (petit flèche au mât de misaine, flèche-en-cul au grand mât).Les goélettes franches connurent une grande vogue au XIXe siècle, en particulier aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Celle dont le nom est resté le plus célèbre dans le monde entier est la goélette America, qui traversa l'Atlantique et battit les Anglais dans la première course océanique internationale. En 1851, alors que l'empire britannique prépare l'exposition universelle de Londres, le Royal Yacht Squadron de Cowes, en Grande-Bretagne, organise autour de l'île de Wight une course ouverte aux Yacht-clubs du monde entier, dotée d 'une "Coupe des Cent Guinées".
Quatre membres du New York Yacht Club décident de relever le défi en construisant une goélette baptisée America.
A la stupeur générale, les américains remportent l'épreuve et rebaptisent la Coupe du nom de leur bateau ... la légende est née.
Goélettes à hunier (ou à huniers)
La goélette à hunier (ou à huniers suivant le cas) est une goélette à gréement aurique dont le petit flèche (au mât de misaine) est remplacé par une voile carrée (dite hunier bien qu'une goélette ne comporte pas de hune) ou par deux voiles carrées : hunier et perroquet. Quelques goélettes portèrent des huniers à leurs deux mâts.Un type classique de goélette à hunier est celui de l'Etoile et de la Belle Poule, que l'Ecole navale conserve en service pour l'instruction de ses élèves.
Les goélettes à huniers furent souvent utilisées en tant que « clippers » américains du type Baltimore, goélettes françaises du commerce, goélettes d'Islande (qui avaient la particularité de posséder des huniers à rouleaux pouvant se manœuvrer à partir du pont).
Un certain nombre de goélettes de guerre et de commerce employaient également, fixée à une vergue portée par le mât de misaine, une autre voile carrée appelée fortune, ou fortune carrée. On l'établissait aux allures du grand largue et du vent arrière, allures pour lesquelles les voiles auriques n'ont pas un aussi bon rendement que les voiles carrées.
Goélettes à gréement marconi
La navigation de plaisance continue à employer des goélettes. Mais celles-ci ont abandonné le plus souvent les voiles auriques et leurs flèches (ou huniers) au profit des voiles Marconi, encore appelées (ce qui revient pratiquement au même) voiles bermudiennes.Leur voilure, ainsi très simplifiée, est d'un maniement aisé. La misaine et la grand-voile, triangulaires, sont montées sur bôme (terme synonyme de gui).
Quand un bateau de plaisance muIticoque est gréé en voiles Marconi, avec mâture de goélette, on lui conserve son nom de catamaran ou de trimaran, en se contentant de préciser « gréé en goélette ».
On rencontre aussi en Méditerranée et en Océanie de petites goélettes dont les voiles sont triangulaires sans avoir la forme des voiles Marconi ; ce genre de voilier se fait d'ailleurs de plus en plus rare.
Goélettes à plus de deux mâts
On conserve le nom de goélettes pour désigner des navires à voiles à plus de deux mâts ; suivant l'importance de leur mâture, elles reçoivent les appellations de goélettes à trois mâts, goélettes à quatre mâts, etc.Elles diffèrent également des goélettes proprement dites en ce que leurs mâts sont généralement tous de la même hauteur, de sorte qu'aucun d'entre eux ne s'impose en qualité de grand mât.
Comme pour les goélettes à deux mâts, l'une des caractéristiques de ces voiliers est de n'avoir aucun phare carré. Si le gréement est à voiles auriques (ce qui est le cas presque général), la goélette peut porter hunier, perroquet et même cacatois à l'un ou à plusieurs de ses mâts.
Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on construisit des goélettes à trois mâts. Leurs activités furent diverses :
- aux Etats-Unis, l'E. W. Morrison était une goélette franche des Grands Lacs.
- la Mary B. Mitchell britannique, portant hunier et fortune carrée à son mât de misaine, se rendit célèbre pour avoir, après sa transformation en bateau-piège en 1915, coulé deux sous-marins allemands.
Par simple analogie avec la nomenclature des trois-mâts à traits carrés, on appelait les mâts de ces goélettes : mât de misaine, grand mât et mât d'artimon.
Sur les goélettes à quatre mâts, on conserva les mêmes noms pour les trois premiers mâts, le mât de l'arrière recevant l'appellation américaine de « spanker mast ».
La goélette américaine Helen Barnet Gringer, construite dans le Maine, était à quatre mâts. A partir de cinq mâts, on peut considérer que les goélettes (ou plutôt les schooners pour les désigner dans la langue de leur pays d'origine) furent de construction américaine, à très peu d'exceptions près.
C'est ainsi que la plus grande goélette à cinq mâts fut la goélette franche américaine John B. Prescott, lancée en 1898 et qui jaugeait 2 454 tonneaux.
Un quart de siècle plus tard, cependant, une goélette à cinq mâts, à coque en acier et à moteur diesel auxiliaire, le Werner Winnen, fut construite en Allemagne ; elle navigua jusqu'en 1936. Elle portait trois voiles carrées (hunier, perroquet et cacatois) à son premier et à son troisième mât.
Les dénominations des cinq mâts étaient les suivantes : mât de misaine, grand mât avant, grand mât central, grand mât arrière, mât d'artimon.
Au début du XXe siècle, les Américains ajoutèrent encore un mât à leurs schooners pour en faire des goélettes à six mâts :
- George W. Wells, de 2 970 tonneaux.
- Eleanor A. Percy, de 3401 tonneaux.
- Wyoming, de 3 730 tonneaux.
Mais plus le nombre des mâts augmentait, plus l'élégance des goélettes se dégradait ; les marins de la voile considéraient les goélettes à six mâts comme des « monstres d'une laideur effrayante ».
Pour les dénominations des mâts, on retenait d'abord celles des goélettes à cinq mâts, puis le sixième mât devenait le « spanker mast », comme le mât arrière des goélettes à quatre mâts.
Poussant à l'extrême le goût du gigantisme, les Américains construisirent en 1902 le Thomas W. Lawson, de 5 218 tonneaux, qui restera, dans les annales de la marine, la plus grande de toutes les goélettes et l'unique goélette à sept mâts. Le Thomas W. Lawson avait une coque, des mâts et un gréement métalliques ; son équipement mécanique lui permettait de limiter son personnel d'équipage à seize hommes. Théoriquement, ses cinq premiers mâts en partant de l'avant portaient les noms employés sur les goélettes à cinq mâts, et les deux mâts arrière étaient le « driver mast » et le « pusher mast » ; mais, dans la pratique, l'équipage affectait à chacun des mâts le nom d'un des sept jours de la semaine.
Autres navires apparentés aux goélettes
Le terme de goélette se retrouve, en second plan, dans le nom composé de divers voiliers.Le navire à deux mâts qui porte une misaine carrée (comme un brick) et une grand-voile aurique (comme une goélette) devient, tout naturellement, un brick-goélette.
Avant la Première Guerre mondiale, nos bateaux de pêche sur les bancs de Terre-Neuve et nos caboteurs de commerce étaient souvent des trois-mâts goélettes.
Une erreur assez courante consiste à confondre les appellations telles que goélette à trois mâts et trois-mâts goélette ; pour l'éviter, il suffit de se rappeler que les navires dont le nom principal est goélette ne portent jamais de misaine carrée.
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