Jonques et gréement de jonque

Une expérimentation très grossière et hâtive d'un gréement de jonque sur une plate en chêne et sapin construite pour la pèche à la ligne sur la Dordogne.

Le mât de pavillon réformé d'un petit cargo en escale, une poignée de bambous comme on peut en acheter en jardinerie, une bache plastique usagée récupérée dans la benne à gravats d'un chantier, du cordonnet à rideau et quelques cosses en galva plus une poulie pour drisse de pavillon, me voilà gréé pour moins de 150F (en 1992) et, avec une dérive et un petit gouvernail, vogue la galère.

Et malgré la lourdeur de la coque et les plis affreux, l'ensemble a révélé sur l'eau, de force 0 à force 6 Beaufort, un potentiel surprenant, dabord sur les lacs landais puis sur l'estuaire de la Gironde, où j'ai accompli en solitaire des randonnées nautiques mémorables.

J'ai ensuite gréé à la place une petite voile au tiers en coton de surface sensiblement égale et j'ai fait des comparaisons. La voile au tiers était très jolie et facile à utiliser mais en terme de rigidité de guindant et de contrôle du dévers, ma petite voile en plastique était imbattable.

 

Au portant, la poussée est stable et puissante et c'est ainsi que ce petit bateau est allé de Bordeaux jusqu'à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde (par beau temps).

J'ai aussi essuyé un petit coup de tabac de force6 avec vent contre courant et le principe de diffusion des efforts, qui est un point fort de ce gréement, à joué à plein. Rien n'a laché, alors qu'en certains endroits la voile avait été assemblée avec du banal scotch transparent d'écolier !

 

Et puis les hasards de la vie m'ont envoyé
sous d'autres amures...

mais mon prochain bateau
sera probalement
un voilier conçu pour un programme
de croisière côtière à semi hauturière

et surtout
il sera gréé en jonque.

Une maquette de jonque de la baie d'Along
datant du début des années 50.

Elle appartient à une cousine dont le défunt mari a navigué (marine militaire et commerce) dans ces eaux là.

C'est semble-t-il le travail d'un marin, et chaque détail est réalisé et coulisse, pivote, bref, fonctionne parfaitement, à savoir :

- Le gouvernail relevable sur mèche en bois massif, avec dans le safran les encoches en losange caractéristiques. D'après certains chercheurs, elles sont faites pour provoquer des trubulences censées augmenter l'évolutivité à basse vitesse...

- Les mâts sur jumelles.

- Les treuils de drisses et le cabestan, avec ses ancres typiquement chinoises (longue verge et bras très proche des pattes).

- La dérive sabre entre les deux mâts, dont la partie supérieure est échancrée pour gagner du poids.

Beaucoup d'astuces et de subtilité chez ces marins du Nord Viet nam, donc.