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Lexique des termes marins

La MARÉE


Mont Saint Michel
Agrandir Le Mont-Saint-Michel
à marée basse.
Cet îlot, isolé dans les sables dès
que la mer se retire,
est soumis au régime des marées
semi-diurnes à fort marnage.

>> Article complémentaire : Le niveau moyen de la mer

L'appel des astres : la force génératrice


La marée est un mouvement oscillatoire du niveau de la mer dû aux effets de l'attraction de la Lune et du Soleil sur les particules liquides des océans.
Le phénomène, observé depuis l'Antiquité, a toujours intrigué les esprits curieux, mais il a fallu attendre Poincaré, à la fin du siècle dernier, pour qu'en soit donnée une explication théorique complète.

Le calcul de la force génératrice est basé sur l'hypothèse suivante : les masses s'attirent proportionnellement à leur produit et inversement proportionnellement au carré de leur distance. Dans le mouvement relatif de la Terre par rapport à l'astre, tout se passe comme si toute la masse de la Terre était concentrée en son centre. Mais, si l'on considère une particule isolée placée à la surface de la Terre, l'attraction que l'astre exerce sur elle diffère légèrement, en grandeur et en direction, de l'attraction qu'elle subirait si elle se trouvait au centre de la Terre.
La différence entre ces deux attractions définit la force génératrice de la marée et provoque un déplacement de la particule relativement au centre de la Terre, et par conséquent relativement à toute la partie solide elle-même liée à ce centre.
La force génératrice de la marée, toujours très petite devant la pesanteur, est inversement proportionnelle au cube de la distance de la Terre à l'astre et proportionnelle à la masse de l'astre.
Seuls le Soleil, dont la masse est considérable, et la Lune, dont la distance à la Terre est très faible, ont une influence appréciable sur la marée.
La composante verticale de la force génératrice, qui s'ajoute algébriquement à la pesanteur, est négligeable devant cette dernière, mais sa composante horizontale ne peut plus être négligée puisque c'est la seule force existant dans le plan horizontal.

Règle de Proctor

Règle de Proctor
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La règle de Proctor (schéma 1) permet de construire, en tout point M du globe, le vecteur de la force génératrice f due à un astre A : si H est la projection orthogonale de M sur la droite TA qui joint le centre T de la Terre à l'astre, le point F est défini par la relation algébrique TF = 3TH, et le vecteur représentatif de f est porté par la droite MF, tandis que son module est proportionnel à MF.
Il résulte de cette construction que le champ de la force génératrice présente une symétrie par rapport à la droite TA et une autre par rapport au plan diamétral de la Terre, perpendiculaire à TA (schéma 2).
Agrandir Champ de la force génératrice des marées
La force génératrice est maximale au point du globe pour lequel l'astre est au zénith ou au nadir, et sa composante horizontale, nulle sur le cercle d'illumination de l'astre, agit dans le même sens en tous les points d'un même quart de méridien et entraîne donc une légère modification de la direction de la pesanteur : c'est cette composante horizontale qui est responsable des marées. La profondeur relative des mers étant très faible par rapport au rayon terrestre, toutes les molécules d'eau d'une même verticale dans la mer subissent, à un moment donné, des forces pratiquement identiques.

Le mouvement diurne de la rotation de la Terre autour de l'axe des pôles fait défiler dans le champ des forces génératrices les molécules d'eau océanique.

Courbe de marée
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Si l'astre perturbateur est situé dans le plan de l'équateur, l'astre reprend la même position relative au bout d'un jour de l'astre durant lequel la force génératrice en un point de la Terre passe deux fois par la même valeur (schéma 3).
Ainsi, pour la Lune, le jour de l'astre vaut sensiblement 24 h 50 mn, et la force génératrice a une période de 12 h 25 mn environ : c'est une composante lunaire semi-diurne, et la courbe de marée correspondante est donnée par une courbe du même type.
 
Courbe de marée
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Dans le cas où l'astre perturbateur n'est pas dans le plan de l'équateur, la pleine mer qui correspond au passage de l'astre au méridien supérieur est plus haute que celle qui correspond au passage au méridien inférieur, et les époques des basses mers se rapprochent de l'époque de la pleine mer inférieure. La marée est dite semi-diurne à inégalité diurne, et la courbe correspondante est donnée par le schéma 4.
 
Dans la réalité, la déclinaison de l'astre et sa distance à la Terre (ou sa parallaxe) varient périodiquement et il en résulte des variations dans l'amplitude de la marée (inégalité déclinationnelle et parallactique).
Les phénomènes décrits ci-dessus concernent aussi bien le Soleil que la Lune, mais l'effet de cette dernière est deux à trois fois plus fort que celui du Soleil.
Au moment des syzygies, c'est-à-dire lorsque la Terre, le Soleil et la Lune sont sensiblement alignés (nouvelle ou pleine lune, voir schéma 5), les forces d'attraction dues à la Lune et au Soleil s'additionnent : la force résultante est maximale, c'est la marée de vive-eau.
Au contraire, aux périodes des quadratures (premier et dernier quartiers), les attractions dues aux deux astres se contrarient : la force résultante est plus faible, c'est la marée de morte-eau.

La force génératrice des marées possède donc un caractère éminemment périodique dont les composantes principales sont les suivantes :
  • La composante semi-diurne (de période 12 h 24 mn ou 12 h, suivant qu'il s'agit de la Lune ou du Soleil).
  • La composante diurne (de période 24 h 50 mn ou 24 h), car l'attraction de jour est plus forte que celle de la nuit du fait de la variation de la distance de l'astre.
  • La composante bimensuelle (14j 18 h), moitié de la révolution synodique (intervalle de deux conjonctions successives Lune-Soleil), due aux positions respectives de la Lune et du Soleil.
  • La composante mensuelle (27 j 13 h), due aux positions respectives de la Lune et de la Terre, c'est-à-dire la révolution anomalistique (durée s'écoulant entre deux passages de la Lune au périgée).
  • La composante annuelle, due à la variation de la distance Terre-Soleil et à la déclinaison du Soleil, les plus fortes marées ayant lieu lors des pleines et nouvelles lunes d'équinoxe, alors que le Soleil se trouve à l'intersection des plans de l'équateur et de l'écliptique.

En fait, la période de la force génératrice des marées est celle pour laquelle la Terre, le Soleil et la Lune se retrouvent dans les mêmes positions respectives : c'est le saros, dont la durée est égale à 18 ans et 11 jours.
Agrandir Positions relatives du système Terre-Lune-Soleil
Les syzygies correspondent aux nouvelles et pleines lunes,
les quadratures correspondent aux premiers et derniers quartiers de la Lune

Réponse de l'océan à la force génératrice


Deux théories ont été avancées pour expliquer le rapport entre les forces génératrices et les variations du niveau de la mer en un point donné.

Théorie statique


Si l'on admettait que, en chaque point d'un globe recouvert d'eau, l'élément liquide se mette instantanément en équilibre sous l'effet des forces génératrices des marées, cette surface marine s'orienterait partout selon la résultante de la pesanteur et de la force génératrice locale de la marée.
On observerait alors la marée statique.
Théorie statique
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Sous l'influence d'un seul astre, la limite des eaux prendrait une forme ellipsoïdique, qui accompagnerait sans retard le mouvement apparent de l'astre (schéma 6). Les « sommets » de la surface marine (par rapport au niveau d'équilibre de l'eau) se situeraient aux points du globe pour lesquels l'astre est au zénith (Z) et au nadir (Z'), tandis qu'une dépression, égale à la moitié de l'élévation précédente, recouvrirait le cercle d'illumination instantanée de l'astre.
L'amplitude de la marée lunaire serait alors de 50 à 60 cm et celle de la marée solaire d'environ 25 cm, c'est-à-dire bien inférieure à ce que nous constatons sur les côtes.
Cette « théorie statique », proposée par Newton en 1687, puis reprise par lord Kelvin, qui prenait en compte l'existence des continents et la forme des bassins océaniques, n'est guère satisfaisante pour des ondes diurnes ou semi-diurnes (on ne peut, pour les mouvements suscités à ces périodes, négliger les forces d'inertie par rapport aux forces génératrices). La théorie statique s'avère plus satisfaisante pour les marées à longue période.

Théorie dynamique


En 1799, Laplace donna une expression de la dénivellation de l'eau qui est encore utilisée de nos jours pour le calcul de la marée de Brest. La « théorie dynamique », qu'il fut le premier à formuler et qui est à la base de tous les développements ultérieurs, s'appuie sur deux principes essentiels :
- Celui des oscillations forcées, suivant lequel les particules d'eau océanique, soumises à une force rigoureusement périodique, effectuent des oscillations de même période que la force.
- Celui de la superposition des petits mouvements, qui attribue comme mouvement total à un système agité par de très petites forces la somme des mouvements partiels que chaque force lui imprime.

Par conséquent, si l'on décompose le potentiel générateur correspondant à la force génératrice en une somme de potentiels élémentaires périodiques, il correspond à chacun d'eux une marée partielle de même période, et la somme des oscillations représente la marée.

Formule de Laplace.


La « formule de Laplace » s'appuie sur le développement du potentiel dont dérive la force génératrice en fonction des coordonnées horaires des astres.
Elle admet la hauteur statique pour le terme à longue période, mais, pour les termes semi-diurnes et diurnes, elle considère que les amplitudes sont proportionnelles à leur valeur théorique et que les marées correspondantes sont déphasées par rapport à la marée théorique.
Les déphasages et les facteurs de proportionnalité dépendent des conditions hydrauliques, c'est-à-dire de la forme des continents et des irrégularités de la profondeur des océans ; il ne peut être question de les obtenir par des déductions théoriques et on les détermine expérimentalement dans chaque port.

L'expérience a montré que la formule de Laplace était très satisfaisante dans le cas des marées semi-diurnes, et elle est encore employée pour les calculs de l'Annuaire des marées des côtes de France.

Formule harmonique


En 1867, sir William Thomson, devenu plus tard lord Kelvin, imagina de décomposer le potentiel luni-solaire en une somme de termes rigoureusement périodiques en fonction du temps moyen.
Le développement effectué par Darwin fournit une somme de termes de périodes voisines d'un demi-jour moyen, représentant le potentiel semi-diurne, une somme de termes représentant le potentiel diurne des termes à longue période (semi-mensuelle, mensuelle et semi-annuelle), ainsi que des termes supérieurs (tiers-diurne, quart-diurne), dont les pulsations sont des multiples de celle des ondes principales, et des termes composés, dont les pulsations sont la somme ou la différence des pulsations précédentes.
A chacun de ces termes correspond une force élémentaire qui engendre une marée partielle de même période, mais dont l'amplitude et la phase dépendent des conditions hydrauliques du port considéré et doivent être déterminées expérimentalement.
La « formule harmonique » des marées est l'expression de la marée totale, somme des marées partielles dont les périodes sont fournies par le développement du potentiel perturbateur.

Les deux constantes locales d'amplitude et de phase relatives à chaque terme de la formule harmonique se déduisent d'une longue série d'observations, par un traitement mathématique approprié, assez laborieux, appelé analyse harmonique. On connaît maintenant les constantes harmoniques de plusieurs milliers de ports répartis sur toute la surface du globe, pour lesquels il est donc possible d'effectuer des prédictions de marée, prédictions d'autant plus précises que l'on aura pu déterminer un plus grand nombre de constantes harmoniques.

Divers types de marées


La marée en un point donné tire son caractère essentiel de l'onde qui a l'amplitude prépondérante, les autres ondes n'intervenant que pour modifier plus ou moins l'allure du phénomène. C'est surtout l'importance relative de la marée diurne par rapport à la marée semi-diurne, dans la marée totale, qui détermine le caractère de celle-ci.

On a l'habitude de considérer quatre types principaux de marée :
Deux types extrêmes : Et deux types intermédiaires :
Agrandir Divers types de marée

Marées semi-diurnes


Les marées semi-diurnes se produisent lorsque la marée diurne est très faible. On les rencontre en particulier sur les côtes de France. C'est l'onde lunaire moyenne, qui joue un rôle déterminant dans la marée semi-diurne.
On observe deux pleines mers et deux basses mers par jour lunaire de 24 h 50 mn (les marées se reproduisant d'un jour à l'autre avec un décalage de 50 mn) ; les pleines mers suivent le passage de la Lune au méridien à un intervalle de temps à peu près constant, appelé établissement.

L'onde solaire moyenne, qui vient se superposer à la précédente mais qui est généralement deux à trois fois plus faible, a une périodicité de 24 h seulement : elle a donc pour effet de faire varier au cours d'une lunaison l'établissement de la pleine mer et l'amplitude de la marée.
• Quand les deux ondes sont en phase, aux syzygies (pleines et nouvelles lunes), leurs effets s'ajoutent et l'amplitude passe par un maximum, c'est vive-eau.
• Au contraire, aux quadratures (quartiers de la Lune) les ondes sont en opposition et l'amplitude résultante est minimale, il y a morte-eau.

En raison de la différence de situation des ondes, la vive-eau suit la syzygie avec un certain retard, « l'âge de la marée » , qui peut atteindre plusieurs jours et qui est constant pour un port donné.

Les autres ondes semi-diurnes ont pour effet essentiel de faire varier l'amplitude des marées de vive-eau.
Enfin, les ondes supérieures composées modifient d'une façon permanente les pleines et basses mers de l'onde lunaire moyenne et créent une inégalité entre la durée de la montée et celle de la baissée.

En raison du caractère de simplicité des marées semi-diurnes, il a été possible définir un certain nombre de grandeurs permettant de prédire rapidement, et avec une précision suffisante pour les besoins courants, les marées de ce type :
  • Etablissement du port.
  • Coefficient de la marée (coefficient astronomique caractérisant la grandeur de la marée un jour donné) ; la valeur du coefficient est ordinairement exprimée en centièmes : elle varie, à Brest, de 20 à 120 (voir tableau ci-dessous).
  • Unité de hauteur (quotient de l'amplitude dans un port donné par le coefficient de la marée considérée).
  • Hauteur du niveau moyen au-dessus celui des plus grandes basses mers.

MARÉE
Coefficient 120 marées extraordinaires de vive-eau d'équinoxe
Coefficient 100 marées de vive-eau d'équinoxe
Coefficient 95 marées de vive-eau moyenne
Coefficient 70 marées moyennes
Coefficient 45 marées de morte-eau moyenne
Coefficient 20 marées de morte-eau les plus faibles

Marées diurnes


Lorsque les ondes diurnes sont notablement plus importantes que les ondes semi-diurnes, la marée est dite diurne.
On n'observe d'ordinaire qu'une seule pleine mer et qu'une seule basse mer par jour lunaire.
  • L'amplitude de la marée est maximale quand la Lune vient de passer par ses tropiques (marée tropique).
  • L'amplitude de la marée est très faible quand la Lune est dans l'équateur, la marée disparaissant alors à peu près complètement pendant plusieurs jours.

Ces phénomènes se reproduisent deux fois par lunaison. L'amplitude est d'autant plus élevée que la déclinaison de la Lune (qui varie de 18° à 28° environ) est elle-même plus élevée. Les marées diurnes sont rares. On les observe notamment à Dô Son (golfe du Tonkin), où l'amplitude peut atteindre près de 4 mètres.

Marées semi-diurnes à inégalité diurne importante


Ces marées sont très fréquentes dans l'océan Indien et l'océan Pacifique. Elles se produisent quand la marée diurne a une amplitude comparable à celle de la marée semi-diurne.

On observe chaque jour deux pleines mers et deux basses mers, mais il existe des inégalités très fortes entre les hauteurs et les intervalles des pleines et des basses mers dans la même journée.
Ces inégalités, dues à la superposition de la marée diurne et de la marée semi-diurne, sont maximales peu après que la Lune soit passée par ses tropiques et disparaissent lorsque la Lune franchit l'équateur.

Marées mixtes


Quand la marée diurne est au moins deux ou trois fois plus importante que la marée semi-diurne, le phénomène résultant présente au cours de la lunaison un caractère alternatif de marée diurne (vers le passage de la Lune par les tropiques) et de marée semi-diurne (à l'époque du passage de la Lune par l'équateur).
On observe tantôt une seule pleine mer et une seule basse mer par jour, tantôt deux.

Ce type de marées est fréquent dans l'océan Pacifique (Grand Archipel d'Asie, Indochine, Sibérie, Alaska) ; on le rencontre aussi dans les Antilles (Fort-de-France).

Autres singularités de la marée


Par petits fonds, la vitesse de propagation de l'onde-marée, qui est fonction de la profondeur, n'est pas la même pour la basse mer et la pleine mer, et il apparaît des ondes supérieures et composées, dont les périodes sont celles des termes supérieurs et composés qui apparaissent dans le développement du potentiel.
Marée au Havre
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En certains ports, par exemple, il se produit, sous l'influence des ondes supérieures et composées, deux pleines mers successives au lieu d'une seule (Southampton) ou une très longue étale de pleine mer (tenue du plein au Havre, voir schéma 7a).

Parfois, l'amplitude de la marée solaire, qui est d'ordinaire très inférieure à celle de la marée lunaire, s'en rapproche notablement (Tunisie, côte sud d'Australie), de sorte que la marée totale perd en partie son caractère lunaire ; ainsi, à Tahiti, l'heure de la marée ne varie que lentement d'un jour à l'autre pendant la plus grande partie de la lunaison.
 
Marée fluviale
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Dans les estuaires des fleuves, la basse mer progresse plus lentement que la pleine mer et, par suite, en un point donné, la montée de l'eau dure moins longtemps que la baissée ; c'est un phénomène caractéristique des marées fluviales. On l'interprète (voir schéma 8) en considérant qu'il s'est superposé à l'onde donnée une onde de période deux fois plus petite puisqu'elle est en concordance de phase au milieu de la montée et en opposition de phase au milieu de la baissée.

Marnage


Le marnage est la différence de hauteur d'eau entre la pleine mer et la basse mer précédente ou suivante. Le marnage est très faible dans les mers fermées. Insensible en mer Noire, il ne dépasse généralement pas quelques décimètres en Méditerranée, sauf dans le golfe de Gabès, où sa valeur peut être de l'ordre de 2 mètres, et dans l'Adriatique, où il atteint 1 mètre.

Egalement faible au milieu des océans, la marée s'amplifie parfois beaucoup sur les côtes en raison de son passage sur un socle continental et de la configuration des rivages.

Les plus grandes marées du globe sont semi-diurnes, leurs amplitudes en vive-eau moyenne sont les suivantes :
  • Canada (baie de Fundy) 13,60 m
  • Angleterre (rivière Severn) 13,10 m
  • France (Mont-Saint-Michel) 12,60 m

La plus grande marée diurne se rencontre au cap Astronomique, en Sibérie, où le marnage est de l'ordre de 11,50 mètres.

Prédiction des marées


On se contente de prédire pour les ports les plus importants les heures et les hauteurs des pleines et des basses mers ; pour les autres ports, quelques renseignements très condensés permettent à l'usager d'établir lui-même les prédictions dont il a besoin.

Emploi de la formule harmonique


L'emploi de la formule harmonique des marées est la seule méthode de prédiction présentant vraiment un caractère d'universalité ; on peut l'appliquer indistinctement à tous les ports, quel que soit le régime de la marée, et l'utiliser pour prédire le phénomène à un instant quelconque durant chaque cycle de marée.

Aussi est-ce à l'aide de cette formule que sont calculées la plupart des prédictions figurant dans les Annuaires des marées.
Elle est susceptible d'une précision relativement grande, car des observations suffisamment longues en un port donné, lorsqu'elles ont été analysées judicieusement, fournissent les constantes locales d'amplitude et de phase pour un nombre élevé de composantes (une trentaine en général).

Kelvin avait imaginé dès 1872 un appareil mécanique fournissant directement le tracé, en fonction du temps, de la courbe de marée répondant à la formule harmonique.
Principe du tide predictor
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Le principe de cet appareil, appelé Tide Predictor, est extrêmement simple. Le système mécanique relatif à chaque onde (schéma 9) est constitué en premier lieu par une tige de longueur égale à l'amplitude de l'onde dans le port considéré et tournant d'un mouvement uniforme dans un plan vertical avec la même périodicité que l'onde, mais en tenant compte de son déphasage ; l'extrémité de la tige porte un bouton coulissant dans une glissière horizontale fixée à la partie inférieure d'une seconde tige guidée verticalement et surmontée d'une petite roue à gorge. La rotation de la première tige imprime donc à cette roue un mouvement alternatif de montée et de descente correspondant exactement à celui de l'onde partielle de la marée considérée dans le port.
Des systèmes analogues, relatifs aux diverses ondes, sont placés les uns à côté des autres et, par l'intermédiaire de trains d'engrenages soigneusement calculés, ils sont entraînés par un arbre commun mû par un moteur électrique.

Aujourd'hui, les données fournies par les Annuaires de marées sont obtenues à partir de calculs sur ordinateur.

Prédictions expéditives


En dehors des prédictions détaillées calculées pour un petit nombre de ports principaux, les Annuaires de marées donnent les corrections à appliquer aux heures et hauteurs des pleines et des basses mers relatives à l'un de ces ports pour en déduire les éléments correspondants des ports du voisinage.
Le régime de la marée variant en général assez lentement le long d'une côte, on conçoit que de telles corrections conduisent à des résultats satisfaisants. Ce procédé est surtout applicable aux marées semi-diurnes : les corrections de hauteurs sont données en morte-eau et en vive-eau, et on interpole entre ces deux valeurs pour les marées intermédiaires ; les corrections d'heures sont également données pour la morte-eau et la vive-eau, mais l'interpolation doit se faire en tenant compte de l'âge de la Lune ou, ce qui revient pratiquement au même, en fonction de l'heure de la marée du port principal de référence.

Pour les ports ne figurant pas dans les Annuaires, le navigateur dispose généralement de renseignements sommaires portés sur les cartes, à savoir :
  • Etablissement du port.
  • Hauteur du niveau moyen au-dessus du zéro des cartes.
  • Unité de hauteur du port.
  • Hauteurs des pleines et basses mers en vive-eau moyenne et en morte-eau moyenne.


Hauteur de la marée à un instant quelconque


La formule harmonique est le seul procédé commode conduisant à une prédiction précise. Cependant, dans les ports où la marée est semi-diurne et régulière, on peut déduire sa hauteur (à un instant quelconque) des heures et des hauteurs des pleines et basses mers qui encadrent cet instant, en assimilant la courbe de marée à une sinusoïde.
Des tables, des graphiques, des appareils mécaniques ont été imaginés en grand nombre pour résoudre ce problème simple. Les navigateurs emploient souvent la règle dite « des douzièmes », qui donne une approximation comparable.

La mer monte de :
  • 1/12 du marnage de la marée pendant le 1er sixième de la durée de la montée.
  • 2/12 du marnage de la marée pendant le 2e sixième de la durée de la montée.
  • 3/12 du marnage de la marée pendant le 3e sixième de la durée de la montée.
  • 3/12 du marnage de la marée pendant le 4e sixième de la durée de la montée.
  • 2/12 du marnage de la marée pendant le 5e sixième de la durée de la montée.
  • 1/12 du marnage de la marée pendant le 6e sixième de la durée de la montée.
et elle descend suivant une loi identique.


La marée au large


Il est possible de mesurer les variations de niveau de la mer au large au moyen de marégraphes et de connaître ainsi les caractéristiques des marées au milieu des océans.

Poincaré a mis en équation le problème dans toute sa généralité en 1910. On a pu, de cette manière, obtenir les caractères des marées de la Manche et de la mer du Nord, ou, plus exactement, ceux de l'onde lunaire moyenne, qui en est la composante principale.
En effet, le mouvement oscillatoire de la surface du bassin est caractérisé par deux réseaux de courbes (schéma 10) : les lignes le long desquelles l'oscillation conserve la même amplitude et celles dont tous les points sont simultanément en phase. Ces dernières sont appelées lignes cotidales. L'heure de la pleine mer, invariable sur chacune de ces lignes, sert à les identifier, et leur réseau donne par suite l'allure de la propagation de la marée.

La rotation de la Terre provoque la formation de points nodaux isolés, où la marée est nulle, les points amphidromiques, où convergent les lignes cotidales et autour desquels la marée semble se propager (du nord vers l'ouest dans l'hémisphère boréal, en sens inverse dans l'hémisphère austral).

Agrandir Lignes cotidales et lignes d'égale amplitude

Les courants de marée


La continuité du fluide marin, pratiquement incompressible, implique que les oscillations verticales correspondant à la marée sont accompagnées de mouvements horizontaux dans toute la masse d'eau : ce sont les courants de marée, caractérisés par leur grandeur et leur direction.

Une onde marine se propageant sans rencontrer d'obstacle est une onde progressive : le courant est alors dirigé dans le sens de propagation (flot) dans la région où l'eau est au-dessus du niveau moyen ; en sens contraire (jusant) dans la région opposée. Lorsque le courant s'annule, il y a étale de courant (mi-marée).

L'interférence d'une onde progressive incidente et d'une onde progressive réfléchie (de même amplitude) par un obstacle provoque la formation d'une onde stationnaire et la surface paraît osciller autour d'une ligne nodale de chaque côté de laquelle tous les points sont en phase, les phases étant naturellement opposées de part et d'autre de la nodale. Le courant est maximal à mi-marée descendante (jusant) et s'en éloigne en marée montante (flot).

Les étales de flot et de jusant coïncident respectivement avec la pleine et la basse mer. Les maximums de vitesse se rencontrent sur la nodale.


Dans la réalité, les marées comme les courants de marée sont faibles dans les bassins océaniques profonds. Dans les mers littorales, on constate la superposition d'ondes progressives et stationnaires pouvant entraîner de forts courants.
Tel est le cas, par exemple, de la Manche, qui est le siège d'une onde dérivée causée par la marée de l'Atlantique à laquelle se superposent une onde réfléchie par la côte picarde et une onde progressive issue de la mer du Nord.

Des cartes de courant existent, qui donnent la direction et l'intensité des courants en fonction de l'heure de la marée.

Agrandir Carte des courants de marée
La vitesse du courant s'exprime en dixièmes de nœud.
Le premier chiffre correspond à une marée de vive-eau moyenne, le second à une marée de morte-eau moyenne.



 
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