MARINE ANCIENNE
Les TERRE-NEUVIERS
En France, on donnait le nom de terre-neuviers, ou terre-neuvas, aux marins qui allaient pêcher la morue dans les parages de Terre-Neuve (et, par extension, en Islande et au Groenland), ainsi qu'à leurs bateaux.
Terre-Neuve
Ile canadienne de l'Atlantique du Nord, ancien dominion britannique, dont la population a voté son rattachement au Canada, par voie de référendum, en 1948.
Fermant à l'est le golfe du Saint-Laurent, Terre-Neuve (404 517 km²) est séparée du Labrador, au nord, par le détroit de Belle-Isle et de la Nouvelle-Ecosse, au sud, par le détroit de Cabot. De forme grossièrement triangulaire, elle se situe, sur le plan de la morphologie, dans le prolongement du système appalachien et a été profondément marquée par l'érosion glaciaire, qui a mis en relief les grandes directions structurales sud-ouest - nord-est.
L'île se présente comme un vaste plateau mollement ondulé, culminant à 806 m au Gros Morne (Long Range Mountains) et tombant sur la mer par des côtes rocheuses, élevées, échancrées de larges baies découpées dans le détail par une multitude de fjords.
Le climat frais (les températures moyennes de janvier et de juillet se situent respectivement aux alentours de - 4,4 °C et de + 15,5 °C) et humide (1 300 à 1 500 ml de précipitations par an) n'est guère favorable à l'agriculture, et la plus grande partie de l'île est occupée par les tourbières et la forêt (chasse).
Bien que le sous-sol recèle quelques richesses minérales (fer, plomb, cuivre zinc, etc.), l'industrie est également peu développée. En fait, l'essentiel des ressources provient traditionnellement de la pêche : pêche en rivière (Terre-Neuve est parcourue par un réseau très dense de cours d'eau et de lacs riches en saumons), mais surtout pêche en mer, celle-ci faisant vivre nombre d'industries annexes (traitement du poisson, constructions navales, mécanique marine, etc.).
La pêche à Terre-Neuve
Les parages de Terre-Neuve constituent depuis longtemps l'une des zones les plus poissonneuses de l'Atlantique : situés à la convergence du courant froid du Labrador et des eaux tièdes du Gulf Stream, ils bénéficient, en outre, de la présence de hauts-fonds, immergés entre 20 et 100 mètres. Ce sont les fameux « bancs » : (Grand-Banc, Banc-à-Vert, bancs de Misaine, d'Artimon, de Canseau, etc.) fréquentés, depuis le XVIe siècle, par les pêcheurs espagnols, portugais, français et anglais, qui venaient y pêcher la baleine et surtout la morue.
Les Français y jouirent longtemps d'une position privilégiée. En effet, lorsque, par le traité d'Utrecht (1713) Terre-Neuve fut placée sous souveraineté britannique, ils conservèrent le monopole de la pêche sur les côtes nord-ouest et nord-est de l'île (d'où leur nom actuel de French Shore), et ce, jusqu'en 1904 ; c'est à cette date que, pour mettre fin aux conflits perpétuels entre pêcheurs anglais et français, fut instaurée, dans le cadre de l'Entente cordiale, une stricte égalité de droits pour les pêcheurs de toute nationalité.
Les Terre-Neuviers
Les flottilles de grande pêche, armées à Fécamp, Paimpol, Cancale, Saint-Malo, mais aussi à Bordeaux, étaient composées presque uniquement de voiliers cordiers en bois (goélettes franches, bricks-goélettes, trois-mâts goélettes), jaugeant de 100 à 500 tonneaux et équipés d'un grand nombre de doris.
Les préparatifs commençaient un mois environ avant la date du départ, fixée (du moins jusqu'en 1870) par l'Inscription maritime : février pour l'Islande, mars pour Terre-Neuve. L'armement terminé, les couchettes tirées au sort, les hommes, engagés par le capitaine à partir du mois de décembre (le contrat était le même pour tous, bons ou mauvais pêcheurs), mettaient à bord leur coffre et leur paillasse, et le lendemain les voiliers, nantis de la bénédiction de l'aumônier, prenaient la mer route au sud, en direction des côtes d'Espagne, puis traversaient l'Atlantique et, enfin, remontaient les côtes américaines jusqu'à Terre-Neuve.
La traversée durait de vingt à quarante jours suivant les conditions de temps rencontrées.
Une fois banqué, il fallait d'abord pêcher l'appât, en l'occurrence des bulots, que l'on écrasait au marteau avant d'en boetter les lignes (les stocks d'amorce dégageaient d'ailleurs une odeur telle que les marins assuraient reconnaître infailliblement un terre-neuvas dans la nuit ou dans la brume lorsqu'ils passaient « sous le vent à lui»).
Les doris étaient alors mis à la mer et allaient tendre les lignes autour du banquais. Une fois pleins ils retournaient au navire... ou n'y retournaient pas, car, s'il était rare qu'ils chavirent, nombreux étaient ceux qui se perdaient dans la brume (chaque voilier possédait d'ailleurs un pierrier réglementaire, dont la détonation devait guider les embarcations).
A l'aide d'un croc, le piquois, les morues étaient alors jetées sur le pont, où le second les comptait, puis passaient successivement entre les mains de l'ébrayeur (ou ébreuilleur), qui les étripait, du décolleur, qui les décapitait, du trancheur, qui les ouvrait, de l'énocteur, qui les lavait, et enfin du saleur, qui était l'homme le mieux payé après le capitaine.
De lui dépendait, en effet, la bonne conservation du poisson : trop salé, il prenait le « rouge », « salé doux », il s'abîmait.
Tout ce travail s'effectuait dans des conditions extrêmement pénibles (froid, brume) ; nombreuses étaient les journées perdues à cause du mauvais temps (on les appelait marées d'aornie, ou cabanes de paradis), nombreux aussi les marins qui laissaient leur vie dans les eaux glacées de l'Atlantique Nord.
Enfin, les cales pleines, le bateau regagnait son port d'attache en droiture, au terme d'une campagne qui avait duré de cent quatre-vingt-dix à deux cents jours.
Les difficultés financières conjuguées à l'apparition des chalutiers à moteur sonnèrent le glas des beaux voiliers terre-neuvas.
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